lundi 28 mai 2007

Pentecôte

Pentecôte 2007 / C
Jean 14 (page 797)

Pour nous chrétiens la fête de Pentecôte marque la plénitude et la fin du temps pascal. C’est dire que Pâques, l’Ascension et la Pentecôte sont comme trois facettes d’une même réalité, celle de la victoire définitive de la vie sur la mort, de la grâce de Dieu sur notre péché. Avant la venue du Christ, le peuple Juif célébrait déjà la fête de Pentecôte nommée aussi fête des semaines. A l’origine cette fête était agricole, puis elle a pris un sens nettement plus religieux. Elle commémorait le don de la Loi à Moïse sur le mont Sinaï. C’était donc la fête des dix commandements. Ce rappel historique est très utile pour bien comprendre la Pentecôte chrétienne. Nous savons que notre Seigneur a résumé toute la loi de Moïse dans le double commandement de l’amour, et ce commandement, nous dit-il, n’en fait qu’un. Ce qui signifie que nous ne pouvons pas séparer dans notre vie l’amour de Dieu de l’amour du prochain. Si la Pentecôte juive célébrait le don de la Loi de Dieu, la Pentecôte chrétienne célèbre le don de l’Esprit Saint. Or dans le mystère de la Sainte Trinité l’Esprit est l’amour du Père et du fils. Il est, pourrait-on dire, la personne divine Amour. L’événement de Pentecôte est donc riche de signification. Il nous indique que c’est dans l’amour et par l’amour que nous devons vivre de la loi de Dieu révélée à Moïse et accomplie dans le Christ. D’où l’affirmation de Paul dans la deuxième lecture : « L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur, c’est un Esprit qui fait de vous des fils. » L’événement de Pentecôte nous invite aussi à une religion de l’intériorité, à une religion d’abord spirituelle. En donnant l’Esprit à la première Eglise et à l’Eglise qui est la notre aujourd’hui, le Père et le Fils accomplissent la prophétie d’Ezéchiel : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’enlèverai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit : alors vous suivrez mes lois, vous observerez mes commandements et vous y serez fidèles. » Dans l’Evangile, Jésus se fait l’écho de cette prophétie : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. » L’apôtre Paul a bien compris ce passage d’une Loi extérieure à l’homme à une Loi intérieure, celle de la Nouvelle Alliance. Ecoutons-le : « Notre lettre, c’est vous, une lettre écrite en nos cœurs, connue et lue de tous les hommes. Vous êtes manifestement une lettre du Christ commise à nos soins, écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs… Car la lettre tue, mais l’Esprit fait vivre. »
Je voudrais maintenant souligner dans la première lecture un aspect riche de signification pour notre vie en Eglise. Nous connaissons bien ce récit de Luc qui nous rapporte la première Pentecôte sur l’Eglise. Dans le vocabulaire utilisé par Luc, il y a un perpétuel va et vient entre deux termes : « tous » et « chacun ». Les apôtres étaient « réunis tous ensemble » avec Marie, dans un même lieu. Et ils furent « tous remplis de l’Esprit Saint ». En même temps c’est bien sur chacun d’eux que la flamme, symbole de l’Esprit, s’est posée. Et « chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit »… Au jour de Pentecôte comme aujourd’hui le don de l’Esprit est à la fois ecclésial et personnel. Dans notre Eglise nous ne vivons pas la communion et l’unité à la manière d’un troupeau de moutons rassemblés. Nous ne sommes pas tous identiques. Nous avons une personnalité unique et une vocation qui est la notre. Non seulement l’Esprit nous donne les grâces sacramentelles, mais il nous donne à chacun et à chacune, des dons, des talents, des charismes, qui ne sont pas forcément ceux du voisin. C’est ainsi que l’Esprit construit l’unique corps du Christ dans la diversité des charismes. Si nous comprenions cela dans nos communautés chrétiennes, il nous serait beaucoup plus facile de travailler ensemble à l’avènement du Règne de Dieu. Nous n’avons pas, en effet, à être jaloux des dons du voisin. Nous devons faire fructifier tous les talents qui sont les nôtres. Mais pour ce faire, nous devons les connaître et les reconnaître… avec l’aide d’un accompagnateur spirituel si besoin est. Bref dans le corps du Christ nous sommes complémentaires, nous ne sommes pas en concurrence. L’Eglise n’est pas une entreprise ! Saint Paul nous donne un critère pour savoir si un don vient de l’Esprit. C’est le critère du partage et de l’ouverture aux autres :
« Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous. »
Amen

lundi 21 mai 2007

7ème dimanche de Pâques

7ème dimanche de Pâques/ C
20 mai 07
Jean 17, 20-26 (page 740)

Le dimanche entre l’Ascension et la Pentecôte nous fait méditer chaque année un passage du chapitre 17 de saint Jean. Ce chapitre est le dernier avant l’entrée du Christ dans sa Passion. L’évangéliste écrit ce chapitre sous la forme d’une prière que Jésus adresse à son Père, à haute voix, en présence de ses apôtres. C’est dans cette prière du Christ que nous trouvons l’une des plus belles révélations du mystère trinitaire. Et c’est dans cette lumière trinitaire que Jésus nous demande d’envisager notre unité, notre communion dans l’Eglise.
A la source de l’unité des chrétiens il y a l’amour du Père : « Tu les as aimés comme tu m’as aimé ». Le Père aime divinement son Fils unique depuis toujours et pour toujours. Cet amour, puisque c’est l’amour même de Dieu, ne connaît ni commencement ni fin, ni haut ni bas. Et bien c’est avec ce même amour divin que le Père nous aime ! Révélation bouleversante entre toutes ! Saint Paul l’avait bien compris, lui qui osait écrire aux chrétiens d’Ephèse : « Qu’il soit béni, le Dieu et Père de notre Seigneur, Jésus, le Christ ! Il nous a choisis, dans le Christ, avant que le monde fût créé, pour être saints et sans péchés devant sa face grâce à son amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. » Que demande le Christ à son Père ? Que nous ayons en nous cet amour par lequel le Père a aimé son Fils !
Dans sa prière Jésus demande pour ses disciples une unité parfaite. Nous en sommes apparemment bien éloignés… Il y a le scandale de la division des chrétiens. Mais il y aussi la division des catholiques entre eux ! Nous avons une fâcheuse tendance à nous réclamer de telle sensibilité, de tel mouvement avant de nous réclamer du Christ et de son Eglise. Nous inversons ainsi l’ordre normal des choses. Car ce qui compte finalement, ce qui est essentiel, ce n’est pas d’être progressiste, traditionaliste, charismatique ou intégriste ! Ce qui compte c’est d’être tout simplement catholique en communion avec notre évêque et notre pape. Chaque célébration eucharistique nous le rappelle dans la prière pour l’évêque et pour le pape. Dès le début de l’histoire de l’Eglise, Satan a voulu diviser pour bien sûr mieux régner, et retarder ainsi l’évangélisation des cœurs. Saint Paul a dû fermement s’opposer aux divisions de la communauté de Corinthe. Son langage est clair et sans détour. Puissions-nous l’accueillir pour notre temps et notre manière de nous situer dans l’unique Eglise du Christ : « N’y a-t-il pas chez vous des rivalités et de la jalousie ? C’est donc que vous êtes charnels et vous vous conduisez comme les gens ordinaires. Tant que vous dites ; « Je suis pour Paul », ou : « Je suis pour Apollos », n’êtes-vous pas comme tout le monde ? Qu’est-ce que Paul ? Qu’est-ce qu’Apollos ? Des serviteurs qui ont reçu de Dieu des dons différents, et grâce à eux vous avez cru. Moi j’ai planté, Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui a fait pousser. Celui qui compte, ce n’est pas le semeur ni l’arroseur, mais Dieu qui fait que cela pousse . » Nous ne pouvons pas être catholiques tout en ayant l’esprit partisan. Etre catholique, c’est toujours être ouvert sur l’universel, c’est refuser la tentation du repli sectaire. Et celui qui, dans l’Eglise, garantit notre ouverture sur l’universel c’est bien le pape.
Il y a différentes manières d’envisager l’unité des chrétiens. Malgré la division des chrétiens en plusieurs Eglises et communautés, il peut exister une unité spirituelle. Le centre unique et indispensable de cette unité c’est le Seigneur Jésus-Christ : « Qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi. » Jésus est en nous, le Père est en Jésus. C’est parce que Jésus est vraiment Dieu et vraiment homme qu’il est le principe vivant de l’unité de tous les chrétiens, au-delà des divisions ecclésiales. C’est l’unique Médiateur qui réalise l’unité et la conduit à sa perfection jusqu’à la consommation des siècles. Saint Paul a parfaitement traduit ce passage de la prière de Jésus avec son image du Corps du Christ. L’Eglise est comparable à un corps. La tête de ce corps c’est le Christ et les membres ce sont les chrétiens. Les membres sont tous différents les uns des autres, ils ont des fonctions différentes. Mais ils sont tous unis à un unique corps en étant rattachés à la tête de ce corps.
Alors que faire pour répondre personnellement au désir du Christ, celui de notre parfaite unité ?
Nous avons tout d’abord à acquérir le réflexe catholique : mettre toujours en avant l’universel sur le particulier, ce qui rassemble sur ce qui peut diviser. Nous avons une boussole donnée par le Seigneur à son Eglise, c’est le ministère du pape.
Nous avons ensuite à réaliser, chacun pour notre part, ce que je nommerais l’unité de la sainteté. Si le modèle et la source de notre unité c’est Dieu Trinité, alors au plus nous vivrons de la vie trinitaire, au plus nous avancerons vers l’unité parfaite voulue par le Seigneur. La cause de l’unité des chrétiens et des catholiques progressera davantage par notre implication dans la prière et dans les sacrements que par nos discussions et nos débats.
Amen

Ascension du Seigneur

Ascension du Seigneur 2007 / C
Luc 24, 46-53 (page 710)

Avouons-le : il n’est pas facile de bien parler du mystère glorieux de l’Ascension du Seigneur. Tout simplement parce que nous avons bien du mal à nous représenter ce mystère. Et les mots de la Bible comme ceux de la foi peuvent nous rendre cette tache encore plus difficile : « Ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus d’en allait… ». Pris de manière littérale le récit de Luc nous montrerait un Jésus s’envolant dans le ciel. Notre profession de foi se contente de dire qu’il monta au ciel, après en être descendu par l’incarnation. Nous voyons bien que ce vocabulaire biblique et théologique ne peut pas être compris de manière littérale : ce sont des images et nous avons à trouver le sens profond qu’elles nous transmettent à propos de Jésus ressuscité.
Relevons dans un premier temps l’état d’esprit des apôtres le jour de l’Ascension. Souvenons-nous avec saint Luc que « pendant quarante jours, Jésus leur était apparu, et leur avait parlé du Royaume de Dieu. » Eh bien ces 40 jours de catéchisme donné par le Ressuscité en personne ont été un véritable échec ! La question des apôtres prouve qu’ils n’ont toujours rien compris : « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » Les apôtres se font une image de la religion bien terrestre et bien matérialiste, une image limitée à leurs intérêts patriotiques. Ce manque de spiritualité des apôtres montre à quel point ils ont besoin de l’aide du Saint Esprit. Non seulement les 40 jours de catéchisme entre Pâques et l’Ascension ont été inutiles, mais en plus ils ont oublié toute leur formation initiale, une formation de trois ans tout de même ! Ils ont oublié la réponse donnée par leur Maître à la question des Pharisiens, bien proche de la leur : « Quand viendra le Règne de Dieu ? » « La venue du Royaume de Dieu ne fait pas l’objet d’un constat. On ne va pas dire : Il est ici ! Il est là ! Et voyez, le Royaume de Dieu est au milieu de vous. » Entre les apôtres au jour de l’Ascension et le pape Grégoire le Grand au 6ème siècle quel progrès spirituel ! Ce grand pape enseignait que « le ciel, c’est l’âme du juste ». C’est l’œuvre du Saint Esprit dans son Eglise qui a permis ce grand bond en avant, ce passage d’une religion matérialiste et nationaliste à une religion intérieure et universelle.
Nous fêtons donc Jésus qui monte au ciel. Essayons de traduire cette image. Nous fêtons Jésus glorieux qui disparaît à nos yeux de chair et qui introduit définitivement notre humanité dans la vie et la gloire de la Sainte Trinité. Le ciel, c’est Dieu Trinité. Jésus semble disparaître, mais il ne devient pas absent pour autant. Il sera présent par le don de l’Esprit, il sera présent dans son Eglise et dans le monde d’une nouvelle manière, à la manière du Ressuscité. Il ne connaîtra plus la limitation propre à ceux qui doivent encore passer par la mort : les limites du temps et de l’espace.
En montant au ciel, le Seigneur nous invite, comme il le fit pour ses apôtres autrefois, à un double passage. Nous devons passer tout d’abord du particulier à l’universel. Eux rêvaient de rétablir la royauté en Israël. Lui leur répond en leur donnant une mission universelle : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Nous devons ensuite passer d’une religion extérieure à l’intériorité de la foi. Et cela justement par le don de l’Esprit Saint, force venue d’en haut. Dans l’Evangile il nous est dit que les Apôtres étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. Quelques années plus tard ce temple sera réduit à néant par les armées romaines. Alors les premiers chrétiens pourront comprendre le sens de la lettre aux Hébreux : « C’est avec pleine assurance que nous pouvons entrer au sanctuaire du ciel grâce au sang de Jésus : nous avons là une voie nouvelle et vivante… Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère, et dans la certitude que donne la foi, le cœur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure. Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. »
Depuis l’Ascension et la Pentecôte, Jésus veut être présent dans notre âme. Il n’est jamais absent. C’est nous qui nous rendons absents à cette présence intérieure, à cette inhabitation divine.
L’Esprit du Christ Ressuscité ne cesse de nous redire intérieurement : « Le ciel, c’est l’âme du juste. » Selon les belles paroles de Maurice Zundel, « le ciel, on n’y entre pas, il faut le devenir. »
Amen

lundi 14 mai 2007

6ème dimanche de Pâques

6ème dimanche de Pâques / C
13 mai 2007
Jean 14, 23-29 (page 685)

« C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne. »
Le président de l’eucharistie redit ces paroles de Jésus avant la communion. Ces paroles qui font partie du testament du Seigneur dans l’Evangile selon saint Jean. C’est à l’heure où Jésus passe de ce monde à son Père qu’il prononce ces paroles en présence de ses apôtres. Jésus a vécu en pauvre. Il n’avait aucun bien matériel à laisser à ses disciples. L’héritage de Jésus c’est le Royaume de Dieu. Et l’un des biens les plus précieux de ce Royaume c’est la paix.
Tous nous désirons ardemment cette paix, nous pressentons qu’elle est le bien suprême. Nous savons aussi par expérience à quel point nous nous rendons incapables de l’accueillir dans nos vies et de la rayonner autour de nous. « Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » Nous sommes avertis. Nous ne devons pas confondre la paix selon le monde et la paix spirituelle. Qu’est-ce que la paix selon le monde ? L’absence de guerres, de conflits, de tensions, de disputes etc. Et pour obtenir cette absence de guerres quelle est la méthode du monde ? Pas seulement la diplomatie et la discussion… Mais aussi la dissuasion par la possession d’armes plus performantes que celles du voisin ! Cette paix selon le monde est plus que fragile car elle s’appuie sur un délicat équilibre des forces. Cette paix est fragile car elle ne vient pas de l’amour mais de la crainte. Ce qui est vrai à l’échelle de la planète peut aussi se vérifier à l’échelle des relations humaines qu’elles soient politiques, professionnelles ou familiales… La paix selon le monde n’est souvent qu’une paix de façade, une paix hypocrite. Nous savons combien il est facile d’acheter cette paix là par des menaces ou au contraire par des récompenses. C’est la méthode du bâton et de la carotte pour que surtout il n’y ait pas de vagues, pour que toute opposition ou contestation devienne impossible. Bref la paix selon le monde ressemble parfois à la paix des dictatures.
La paix de Jésus, elle, ne s’achète pas, elle se reçoit comme un don, comme un héritage sacré. La paix de Jésus n’est pas superficielle. Elle est au contraire intérieure, spirituelle. Cette paix est l’un des plus beaux dons du mystère pascal et c’est dans l’Esprit Saint que nous la recevons et la rayonnons autour de nous. La paix spirituelle n’exclut pas les conflits et les tensions. Car cette paix ne peut pas aller contre la vérité et la justice. Le prophète Jérémie avait dénoncé en son temps les faux prophètes : « Ils ne font que recouvrir la blessure de mon peuple, ils disent : ‘Ce sera la paix !’ quand il n’y a pas de paix. » Quelle est donc la « méthode » évangélique pour recevoir ce don de la paix, pour en vivre et le rayonner ? Nous avons un début de réponse dans la première partie de l’Evangile de ce dimanche : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. » Ce qui est donc premier c’est l’amour de Jésus et à la fidélité à son Evangile. Alors la Sainte Trinité vient faire sa demeure en nous, alors nous goûtons la paix que seul Dieu peut nous donner par sa présence. L’expérience de la paix chrétienne est une expérience spirituelle : sans la vie de prière, sans l’aide des sacrements, particulièrement la grâce du sacrement du pardon, nous ne pouvons pas goûter cette paix donnée par le Seigneur. Vivre de cette paix divine suppose de notre part l’humilité, c’est-à-dire la vérité par rapport à notre incapacité d’y arriver par nos propres forces. En reconnaissant notre péché, nos fautes, nos chutes, nos faiblesses, et en demandant le pardon de Dieu nous nous réconcilions. Non seulement avec Dieu notre Père, mais aussi avec nos frères en humanité et avec nous-mêmes. Les guerres les plus terribles sont parfois celles qui nous déchirent intérieurement. La paix chrétienne est donc à la fois un don et une exigence pour nous. Nous savons bien que la plupart des blessures infligées à la paix proviennent de l’égoïsme, de l’injustice et de l’orgueil. Chaque fois qu’avec le Christ nous sommes victorieux de ces travers humains nous faisons progresser non seulement en nous mais dans le monde entier la cause de la paix.
En ce mois de Marie comment ne pas évoquer celle que nous appelons avec raison la reine de la paix ? Oui, Marie est vraiment la reine de la paix parce qu’elle a toujours accompli la volonté du Seigneur, parce qu’elle a été l’humble servante du Seigneur. Tout chrétien qui prie Marie, particulièrement dans la méditation des mystères du chapelet, sait à quel point il est rempli de la paix du Seigneur. Contempler avec Marie les mystères de la vie du Seigneur est une méthode sûre et simple pour recevoir pleinement le don de la paix et le rayonner autour de nous. Que Marie intercède pour nous, ses enfants, afin que nous vivions toujours plus la béatitude de la paix !
« Heureux ceux qui sèment la paix, ils seront appelés enfants de Dieu. »
Amen

lundi 7 mai 2007

5ème dimanche de Pâques

5ème dimanche de Pâques / C
6 mai 2007
Jean 13, 34.35 (page 641)

« Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. » L’évangéliste Jean nous présente le commandement de l’amour fraternel d’une manière originale par rapport aux autres évangélistes. Il situe la parole de Jésus sur ce commandement lors de la dernière cène, le soir du jeudi saint, après le geste significatif du lavement des pieds. Ce qui donne à ce commandement une valeur de testament. En outre Jean ne mentionne ici que l’amour envers le prochain.
Regardons rapidement les évangiles synoptiques pour mieux saisir l’originalité du quatrième évangile sur ce point. Les autres évangélistes situent la parole sur le commandement de l’amour pendant la vie publique du Seigneur. Chez eux elle va toujours de pair avec le commandement de l’amour envers Dieu. Enfin la parole sur le commandement de l’amour est une réponse à une question. Chez Matthieu c’est un pharisien qui veut mettre Jésus à l’épreuve en lui posant la question suivante : « Maître, quel est le grand commandement de la Loi ? » Chez Marc c’est un maître de la Loi qui pose la question au Seigneur : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Quant à Luc il présente la question d’une manière différente et la met dans la bouche d’un maître de la Loi qui veut embarrasser Jésus : « Maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle ? »
Nous comprenons à quel point Jean est l’évangéliste du commandement nouveau. Toute la première lettre de Jean est un développement sur ce même commandement. Et c’est dans cette lettre que le rapport entre amour de Dieu et amour du prochain est mis en lumière. Jean redit à sa manière l’enseignement des autres évangélistes : l’amour de Dieu et l’amour du prochain sont deux réalités interdépendantes. Ces deux commandements n’en font qu’un un peu à la manière des deux faces d’une médaille : « Quand nous aimons Dieu et faisons ce qu’il nous demande, nous savons que nous aimons aussi les enfants de Dieu » Pour le disciple bien-aimé on ne peut pas séparer la connaissance de Jésus de l’amour donc de la mise en pratique de ses commandements : « Et voilà comment nous saurons que nous le connaissons : si nous gardons ses commandements. Celui qui prétend le connaître et ne garde pas ses commandements est un menteur : la vérité n’est pas chez lui. Mais si quelqu’un garde sa parole, c’est chez lui que l’amour de Dieu est vraiment achevé. » L’amour du prochain est donc le test infaillible de l’authenticité de notre foi chrétienne.
« Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » L’amour chrétien comme l’amour du chrétien est toujours une imitation du Christ. C’est un amour à la manière du Christ. Et quelle est donc cette manière ? Jean nous le dit dans sa première lettre : « Lui, il a donné sa vie pour nous, et c’est là que nous avons connu l’amour. Aussi nous-mêmes, nous devons donner notre vie pour nos frères. » Le mouvement de l’amour chrétien est tout entier dans le don. Il est inconciliable avec l’égoïsme et l’égocentrisme. Et Jean nous met bien en garde contre une vision théorique de ce que doit être notre amour du prochain : « Mes enfants, n’aimons pas seulement en paroles, avec nos lèvres, mais en vérité, avec des œuvres. » Si nous sommes avares de notre temps, de notre argent et de nos biens, alors nous ne sommes pas dans le réalisme de l’amour. Si nous sommes refermés sur nous-mêmes, calfeutrés dans notre confort et nos habitudes, alors nous risquons bien de fermer notre cœur à la relation avec notre prochain. Sans ouverture du cœur et des mains, nous ne pouvons pas suivre le Christ.
« Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » Pour Jésus nous ne pouvons pas donner de plus grand témoignage de notre foi que celui de l’amour fraternel. Le plus grand obstacle à l’évangélisation se trouve dans les mesquineries, les jalousies, les querelles et les divisions qui peuvent saper la vie de nos communautés chrétiennes. Pourquoi l’amour fraternel est-il le témoignage suprême ? Tout simplement parce que « personne n’a jamais contemplé Dieu, mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour s’épanouit au milieu de nous. »
L’Evangile de ce 5ème dimanche de Pâques est vraiment pascal. Parce que l’amour fraternel est source de vie. Il est le signe que grâce au Christ et avec Lui nous sommes déjà vainqueurs du péché et de la mort : « Nous voyons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères ; celui qui n’aime pas reste en état de mort » Le commandement que Jésus nous donne avant sa Passion est nouveau. Jean nous explique pourquoi : « Il est vraiment neuf en Jésus et chez nous, et déjà les ténèbres reculent cependant que luit la vraie lumière . » L’événement de Pâques fait mentir l’Ecclésiaste selon lequel il n’y a rien de nouveau sous le soleil : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. »
Amen