18/05/14
Jean 14,
1-12
Entre la dernière Cène et
l’agonie à Gethsémani saint Jean nous rapporte un long discours de Jésus à ses
disciples. Il s’agit en fait de confidences intimes que le Seigneur fait à ses
proches avant de les quitter. Ces paroles constituent le testament du Seigneur.
On peut dire que ces chapitres de l’évangile selon saint Jean sont un sommet de
la révélation chrétienne. La plus haute théologie s’y mêle en effet avec
l’humanité véritable de Jésus. Le Maître sait que son départ de ce monde, en
passant par la mort de la croix, va constituer un traumatisme pour ses amis.
Lui qui est doux et humble de cœur veut donc les préparer et les
consoler : « Ne soyez donc pas bouleversés ». C’est dans ce
contexte que nous devons recevoir les paroles de l’évangile de ce dimanche.
Jésus désire orienter ses disciples vers deux réalités : l’avenir, ce qui
suivra sa mort, et la foi en lui. Cet évangile situé avant Pâques a bien toute
sa place dans le temps de Pâques. Il nous parle en effet de la vie éternelle,
conséquence de la victoire du Christ sur la mort par sa résurrection d’entre
les morts : « Dans la maison de mon Père beaucoup peuvent trouver
leur demeure… Je pars vous préparez une place… Là où je suis vous y serez
aussi ». Avant même de vivre le mystère de Pâques dans son âme et dans sa
chair le Seigneur se révèle comme celui qui est la Vie. Suivre le chemin qu’il
est, c’est entrer déjà dans la vie éternelle. Dans notre foi chrétienne la vie
éternelle, la vie de communion avec Dieu notre Père, n’est pas seulement une
réalité lointaine que nous ne connaitrons qu’après le passage de notre mort.
Non, la vie éternelle est déjà commencée dès maintenant grâce au baptême et à
la foi. Le sacrement de baptême greffe sur la fragilité de notre vie humaine
marquée par le péché et le scandale du mal la vie de Jésus elle-même. Mais nous
sommes incapables de le reconnaître et de le vivre si nous ne mettons pas notre
foi en celui qui se présente à nous comme la Vérité : « Vous croyez
en Dieu, croyez aussi en moi ». La réalité de la communion avec Dieu et de
sa présence dans nos vies est cachée et secrète, elle est même fragile car elle
est remise entre nos mains, à notre liberté. Nous pouvons croire ou ne pas
croire. La vie du Christ et sa victoire pascale triomphent en chacun d’entre
nous chaque fois que nous faisons un acte de foi et qu’à la suite de Pierre
nous lui disons de tout notre cœur : Tu es le Messie, le Fils du Dieu
vivant. Jésus n’a jamais directement dit : Je suis Dieu. Mais dans notre
page d’évangile il va très loin pour faire comprendre à ses amis le lien intime
et unique qui l’unit à celui qu’il nomme son Père : « Celui qui m’a
vu a vu le Père… Je suis dans le Père et le Père est en moi ». Saint Paul
affirme dans sa lettre aux Colossiens que Jésus est l’image du Dieu invisible. C’est
ce mystère inouïe qu’avant de mourir Jésus veut révéler à ses amis : En
lui habite, demeure le Dieu invisible. Ecouter le Christ, c’est donc écouter
Dieu lui-même. Voir le Christ agir, c’est être témoin de l’action du Père.
C’est la raison pour laquelle cet homme, nommé Jésus de Nazareth, peut exiger
de ses disciples l’acte de foi, réservé à Dieu seul. Aucun grand prophète de
l’Ancien Testament n’aurait osé dire : « Vous croyez en Dieu, croyez
aussi en moi ». C’est parce que Jésus s’est clairement révélé comme l’égal
du Père que les autorités religieuses l’ont condamné au supplice de la croix.
Dans leur ignorance elles n’ont vu en lui qu’un blasphémateur. L’évangile de
cette liturgie nous renvoie à la première conclusion de l’évangile selon saint
Jean au chapitre 20, conclusion qui est une parfaite synthèse du testament du
Seigneur tel que nous venons de le méditer ensemble :
Il
y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples
et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que
vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant,
vous ayez la vie en son nom.
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